30 octobre 2025   //     Newsletter 10.2025

Sécurité dans les hôpitaux: prévention, disponibilité et compétence

La violence au sein des hôpitaux n’est pas un fait nouveau mais elle ne fait malheureusement qu’augmenter. La lutte contre celle-ci est un cheval de bataille pour de nombreuses institutions hospitalières. Nicolas Rigaux, Security Manager aux Cliniques Saint-Luc, nous explique la politique de sécurité mise en place dans son hôpital, qui est l’un des pionniers en la matière.

"Comme partout, nous connaissons aux Cliniques universitaires Saint-Luc (CUSL) une augmentation du nombre d’agressions, mais elle est modérée. En effet, les statistiques en matière d’agression chez nous sont particulièrement basses. Cela peut s’expliquer en partie par le fait que nous ne sommes pas situés en plein centre urbain, mais pas uniquement. La politique développée depuis plusieurs années en matière de sécurité n’y est certainement pas étrangère", confie Nicolas Rigaux à la tête d’une équipe de 15 agents de sécurité aux CUSL. Particulièrement impliqué dans la politique relative à la sécurité dans les hôpitaux, il est membre du groupe de travail de GIBBIS sur la sécurité dans les hôpitaux et membre de PSA, l’association de sécurité privée pour les services de gardiennage.

Partenariat avec la zone de police

L’un des premiers ingrédients de la politique de sécurité aux CUSL est la mise en place d’un partenariat avec la zone de police. "Nous avons établi un plan de sécurité intégral et intégré avec la police de la zone. Ce partenariat au niveau stratégique se décline sur plusieurs niveaux : avec la direction de la police de la zone et avec les primo-intervenants. Il a permis l’élaboration d’une antenne de police sur le site universitaire. Nous avons donc des policiers présents sur le site à des moments qui peuvent fluctuer en fonction des besoins", rapporte Nicolas Rigaux.

Pour pouvoir apporter des réponses aux besoins, il faut toutefois avoir des chiffres précis, comme l’indique le Security Manager : "Le reporting est un outil très utilisé aux CUSL. Les agents établissent plus de 2000 rapports par an. Nous misons sur des rapports spéciaux en amont afin de prévenir les incidents qui pourraient survenir et non sur des rapports d’incident. Un rapport d’incident, par définition, intervient trop tard. Nous essayons au maximum d’être dans un esprit préventif."

Sélection pointue du personnel

"Un autre ingrédient de cette politique est une sélection pointue du personnel de gardiennage", enchaîne Nicolas Rigaux.  "Cette sélection est orientée vers la parité hommes/femmes, ce qui est rare dans la fonction. Or, le fait de disposer d’équipes mixtes est très important pour pouvoir offrir aux personnes agressives une écoute mixte. Les critères de sélection portent bien sûr sur l’agrément nécessaire, mais aussi sur une combinaison de formation et d’expérience. Ensuite, les critères retenus sont une bonne éducation et des aptitudes à désamorcer des conflits."

Notons aussi que le personnel bénéficie de journées d’accueil institutionnelles. "Quand quelqu’un commence à travailler dans l’institution, il est essentiel qu’il ait au moins une présentation de la sécurité privée dans celle-ci, qu’il sache qu’elle existe et qu’elle est disponible. Il faut que les gens soient rassurés en arrivant sur leur lieu de travail et sachent qu’ils y sont en sécurité., notamment grâce à des caméras de sécurité », ajoute le Security Manager.

En outre, lorsqu’il manque du personnel de gardiennage, les CUSL font appel à un service de gardiennage externe fidélisé, qui connaît la culture d’entreprise de l’hôpital. C’est aussi un gage d’efficacité.

La carte de la prévention

Jouer la carte de la prévention est utile à bien des égards et notamment avec les patients qui ont des visiteurs qui ne respectent pas les règles. "Dans ce cas, nous allons prévenir le patient que si la situation ne s’améliore pas, nous devrons faire appel à la police. Et si la situation est vraiment complexe, c’est un policier qui se présente en chambre."

"Cette prévention nous évite beaucoup d’agressions. L’agressivité est là. Il ne faut pas attendre l’agression. Il faut agir en amont", conclut Nicolas Rigaux.

GIBBIS publie des recommandations pour lutter contre les agressions contre le personnel soignant dans les institutions de soins de santé

GIBBIS s'est toujours engagé en faveur de la sécurité et du bien-être des soignants. Ce point fait d’ailleurs partie du plan d’attractivité de GIBBIS. Aujourd'hui, nous estimons toutefois qu’il est nécessaire d’aller plus loin et de prendre des mesures concrètes pour lutter contre les agressions contre le personnel dans les institutions de soins de santé. C’est pourquoi nous publions et diffusons le plus largement possible notre Plan de lutte contre les agressions envers le personnel soignant.

Ces recommandations, approuvées par les Hôpitaux membres de GIBBIS au mois de juin, sont divisées en trois catégories: (1) les mesures de prévention, (2) les mesures de monitoring et de correction, et (3) les enquêtes sur les agressions de patients et de visiteurs.

Nous appelons toutes les parties concernées, en particulier les autorités compétentes et les instances judiciaires, à apporter leur soutien à l’implémentation de ces mesures.